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" ... Je continuai à balayer la pièce du regard, tombant sur un superbe globe terrestre de parquet qui se trouvait près d’un des canapés. Je m’en approchai pour mieux examiner cette sphère qui, par l’intermédiaire de son cercle méridien, reposait sur un pied tripode sculpté en acajou blond. Le cercle équatorial était quant à lui, recouvert de papier gravé en polychromie qui figurait un calendrier zodiacal grégorien et une rose des vents.

—Bon dieu, serait-ce un Cary ?

—Un Cary Strand, oui.

—1820 ?

—1816. La date se trouve près du pôle sud.

A genoux, je me mis en quête de retrouver la fameuse marque de fabrique qui attestait de l’authenticité de l’objet magnifique.

—« Cary’s new terrestrial globe. 1816 Â»â€¦ Tu sais qu’il vaut une petite fortune !

—Entre 12 et 14 000… s’il n’avait pas en plus la particularité de s’ouvrir…

—Pardon ?

Je relevai la tête vers mon hôte qui maintenant passé de l’autre côté du globe, l’ouvrait juste à la hauteur de mes yeux en me proposant un verre.

—Un Cary authentique de 1816 faisant office de bar…

Je me relevai avec toute la difficulté que mes rotules de cinquantenaire m’occasionnaient.

—…Je n’ai jamais vu ça !

Je reculai pour me laisser choir dans un des confortables Chesterfield qui se trouvait derrière moi. La bouche ouverte, presque affalé, je contemplai ce grand salon qui me plongeait, je dois bien l’avouer malgré moi, dans une forme de ravissement proche de celui qu’aurait pu obtenir un derviche tourneur dans une de ses danses tournoyantes et solaires. Mon Å“il aguerri de brocanteur-amateur décelait ici et là, des Å“uvres et objets qui auraient ébahi plus d’un grand antiquaire. Ainsi je découvris tour à tour, une magnifique maquette de frégate de 14 canons en ivoire avec son pont animé de marins, ses canons et voiles à poste, certaines ferlées par des mousses dans la mâture, le tout fixé sur un socle en ébène incrusté d’ivoire, qui lui-même reposait sur une terrasse en bois noirci ! Ouf !

Plus loin, c’était une longue vue du 19e signée Bardou, sur son trépied en laiton qui était dirigée vers la troisième fenêtre du salon, celle du milieu. Sur ma gauche, un grand bureau plat en bois d’acajou se trouvait juste devant une énorme cheminée en pierres de Bourgogne sculptées. Celui-ci me sauta aux yeux tant par sa beauté antique que par son parfait état de conservation. Des têtes de taureaux servaient de serrures aux quatre tiroirs se trouvant de chaque côté. Le plateau était recouvert d’un cuir brun de belle patine bordé d’une lingotière. Une tête de sanglier ainsi qu’une tête de loup étaient fixées au centre, juste en dessous d’une tablette coulissante, le tout supporté par quatre pieds en bronze doré.

Sa valeur était tout simplement inestimable ! ...  "

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