ARTHUR BRENAC

 "Arthur Brenac habitait dans une venelle déserte, parallèle au boulevard de Ménilmontant : rue Houdart. D’une longueur d’environ cent cinquante mètres sur cinq de large, elle donnait l’impression d’être refermée sur elle-même, empêchant les bruits et les mouvements extérieurs de pénétrer son périmètre silencieux. Ce tronçon, comme étranger à ce monde, semblait vivre ainsi de sa propre immanence. La première fois que j’y entrai, j’eus véritablement l’impression de m’introduire dans un autre espace, un autre temps qui évoquait instantanément « le temps d’avant ». Ce singulier sentiment prit tout son sens lorsque j’arrivai devant une vieille bâtisse de trois étages située au numéro 5.

Celle-ci de couleur marron-roux, était ornée d’un bandeau bleu turquoise passé sur lequel était écrit « Gd Hôtel du Lion d’Or ». Elle se tenait fièrement entre deux bâtiments dont les façades avaient été récemment rénovées. On aurait dit que cet ancien hôtel était là pour exposer les ravages du temps  qui passe, par opposition au temps que l’on renouvelait faussement par d’habiles pelletées de plâtre et de couches de peinture. Sa façade se lézardait en de multiples veines qui lui donnaient un aspect vivant et organique d’une beauté antique inavouable... "